Dies Irae — Le Jour de Colère de Rahul Sadasivan

Avant de parler du film, je dois dire quelques mots sur l’homme qui se cache derrière — Rahul Sadasivan.
J’ai découvert son travail pour la première fois en 2013, lors de la sortie de son premier long métrage, Red Rain.
Je me souviens encore d’avoir vu la bande-annonce sur YouTube et d’avoir été immédiatement captivé.
Il y avait aussi quelques vidéos des coulisses à l’époque, et rien qu’en les regardant, on sentait qu’il se passait quelque chose de spécial.

Rahul Sadasivan

J’avais déjà lu des articles sur le phénomène étrange de la « pluie rouge » qui s’est réellement produit au Kerala, et j’étais très curieux de voir comment cela pouvait être adapté en film.
Malheureusement, je n’ai pas pu le voir au cinéma, mais j’ai fini par obtenir une copie grâce à un ami — et honnêtement, j’ai été stupéfait.

Pour une équipe indépendante, réaliser quelque chose d’aussi ambitieux en 2013 relevait de l’exploit.
Je n’avais rien vu de tel auparavant — ni dans le cinéma malayalam, ni même dans le cinéma indien.
La musique originale de Josh Spear, le son direct, les effets visuels — tout semblait en avance sur son temps.
Même aujourd’hui, si vous regardez les anciennes vidéos making-of sur YouTube, cliquez ici pour la vidéo, vous verrez la passion qui animait cette équipe.
Red Rain n’était pas qu’un film — c’était un groupe d’amis réunis par un même rêve : faire quelque chose de grand.

Ce film montrait déjà à quel point Rahul Sadasivan était talentueux.
Je me souviens m’être dit : « Ce gars ira loin. »
Mais après cela, plus rien. Pas de nouvelles, pas de projets.
Puis, presque neuf ans plus tard, il est revenu de nulle part avec Bhoothakalam.

Et quel retour !
Bhoothakalam était une véritable leçon de cinéma : inquiétant, émouvant et superbement réalisé.
De la conception sonore aux visuels, tout transpirait la qualité.
Ce n’était pas une simple histoire d’horreur ; c’était un film qui restait gravé dans l’esprit bien après le générique.
Il a définitivement redéfini les standards du cinéma d’horreur malayalam.

Bramayugam

Puis est venu Bramayugam, où Rahul s’est associé à nul autre que Mammootty.
Tous deux ont livré une œuvre magistrale : une atmosphère unique, audacieuse et terrifiante.
Encore une fois, Rahul a prouvé qu’il ne se contentait pas de réaliser des films d’horreur — il créait des mondes.

Et maintenant, avec Dies Irae, Rahul Sadasivan revient une fois de plus, livrant un film envoûtant, profond et techniquement brillant.

Commençons par le titre : Dies Irae.
Pas vraiment un nom que l’on s’attend à voir dans un film malayalam, n’est-ce pas ?
C’est du latin — plus précisément du latin ecclésiastique — qui signifie « le Jour de Colère ».
Dès le titre, on sent déjà que ce ne sera pas un film d’horreur ordinaire.

L’Histoire

Dies Irae suit Rohan (Pranav Mohanlal), un jeune homme né dans une famille aisée, vivant avec son père architecte dans un immense manoir.
Il a tout : l’argent, les fêtes, les amis — une vie parfaite de fils à papa.
Mais peu à peu, des événements étranges et inquiétants viennent troubler ce monde idéal.

Bramayugam

Ce qui commence par une légère inquiétude se transforme bientôt en véritable cauchemar.
Lorsqu’un ancien camarade de classe est retrouvé mort dans un puits, tout bascule.
Rohan découvre alors des secrets enfouis sur lui-même, sur sa famille et sur la maison.
Plus il creuse, plus les choses deviennent étranges — et nous, spectateurs, descendons avec lui dans cette spirale de peur.

La peur du quotidien

Ce que j’adore dans Dies Irae, c’est la façon dont il trouve l’horreur dans les choses les plus ordinaires.
Rahul ne compte pas sur les sursauts ou les effets faciles.
Il crée la tension à partir de moments simples : une rafale de vent, une lumière qui vacille, un bruit à peine audible.
Même un geste banal, comme passer la main dans les cheveux, devient inquiétant.

C’est ce qui rend le film si efficace : il ne montre pas le monstre, il te fait sentir sa présence.
Même lorsqu’il utilise des clichés du genre — une porte grinçante, un murmure, une ombre —, il les renouvelle par le rythme et l’atmosphère.
On sent littéralement l’air s’alourdir, et sans s’en rendre compte, on retient son souffle.

Interprétation et technique

Pranav Mohanlal est impressionnant dans le rôle de Rohan.
C’est sans doute sa meilleure performance à ce jour.
Il passe du jeune homme arrogant au personnage brisé et terrifié avec une justesse remarquable.
La peur se lit dans ses yeux — subtile, jamais forcée.

Bramayugam

Le reste du casting — Arun Ajikumar, Jaya Kurup et Jibin Gopinath — s’intègre parfaitement à ce puzzle sombre.
Chacun apporte une nuance différente à l’ensemble.

Sur le plan technique, c’est une vraie réussite.
La musique de Christo Xavier est envoûtante, utilisée avec parcimonie, toujours au bon moment.
Les silences, eux aussi, sont glaçants : l’équipe sait quand se taire, et c’est là que la peur frappe le plus fort.

La photographie de Shehnad Jalal est sublime : le jeu de lumière et d’ombre est d’une précision rare.
Il y a une scène juste avant l’entracte qui est un pur moment de cinéma — la tension monte lentement, jusqu’à exploser.
On sent que Rahul s’amuse à jouer avec les nerfs du spectateur.

Au-delà de la peur

Si Dies Irae commence comme un film de maison hantée, il évolue rapidement vers quelque chose de plus profond.
Le dernier acte apporte une dimension émotionnelle et mystérieuse inattendue.
Le titre, Dies Iraele Jour de Colère —, s’intègre parfaitement aux thèmes du film : la culpabilité, la rédemption et la confrontation avec le passé.
Ce n’est pas seulement un film d’horreur, c’est une expérience qui vous suit bien après la fin.

Rahul Sadasivan

Conclusion

Produit par Chakravarthy Ramachandra et S. Sashikanth sous les bannières Night Shift Studios et YNOT Studios, Dies Irae est classé « A » — et le mérite amplement.
Ce n’est pas un festival de sursauts, mais un lent cauchemar psychologique qui vous happe du début à la fin.

Avec Dies Irae, Rahul Sadasivan prouve une fois encore que l’horreur n’est pas qu’une question de monstres ou de cris, mais d’émotions, de tension et d’atmosphère.
Il sait transformer les choses les plus simples — un murmure, une lueur, un silence — en terreur pure.

On peut dire sans exagération que Dies Irae n’est pas seulement l’un des meilleurs films d’horreur du cinéma malayalam, mais aussi une œuvre rare qui vous fait craindre le silence, le vent… et votre propre reflet.

Avis de droits d'auteur

Auteur: Padmaj P Kumar

Lien: https://blog.padmajp.com/fr/posts/dies-irae-le-jour-de-col%C3%A8re-de-rahul-sadasivan/

Licence: CC BY-NC-SA 4.0

This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License. Please attribute the source, use non-commercially, and maintain the same license.

Commentaires

Commencer la recherche

Saisissez des mots-clés pour rechercher des articles

↑↓
ESC
⌘K Raccourci